Covid FM : la radio capte toujours, même en pleine crise sanitaire
2020 et 2021 ont été marquées par une situation inédite. Dans cette routine enfermée, la presse a accompagné les Français. Les émissions audio se sont révélé être des alliées précieuses. À la fois vecteur d’information et remède à la solitude. Créant ainsi un lien indispensable entre l’actualité et les foyers.
Qu’en disent les auditeurs ?
Rituels et habitudes rythment nos vies. Alors même si les confinements et déconfinements ont tout chamboulé. Le “média du matin” reste fidèle au poste.
Paul, rencontré au marché Victor Hugo à Toulouse, nous affirme qu’il écoute la radio « comme d’habitude, ni plus ni moins ». Quant à Jacques et Laurène, un couple de quinquagénaires, c’était
« comme avant […] pareil sans changement, beaucoup pour s’informer, mais pas de changements de comportement durant cette période. »
En région PACA, ce sont Yoan et Claire qui nous ont expliqué l’importance de celle-ci, qui « crée un lien avec ce qu’il se passait ».
Malgré une perte de vitesse, le public assidu écoute en moyenne la radio pendant 2h45 chaque jour. C’est ce qu’affirme le dernier communiqué de presse de Médiamétrie sur les habitudes d’écoute radiophonique en France entre avril et juin 2024.
“Ils nous semble que cela parait plus crédible”
Mais en plus d’un rituel, c’était aussi une question de confiance.
Transparente et authentique, avec du direct et de nombreuses émissions, la radio est le premier média en qui les Français ont confiance. L’absence d’images permet aux auditeurs de se concentrer sur l’essentiel : le contenu audio. Que ce soit dans l’ancrage historique, avec l’appel du 18 juin 1940 ou dans l’expérience personnelle, la loyauté règne toujours.
Selon L’Unesco, la radio est non seulement un relais d’information, mais aussi un moyen de créer et garder du lien.
Onde de choc : l’info qui s’adapte à vos attentes
Toutes les chaînes d’info-divertissement ont dû s’adapter aux attentes des publics. Chez France Bleu Occitanie c’est Romain Amalric, surnommé «Monsieur Coronavirus» qui a présenté l’un des nouveaux programmes. Plusieurs fois par jour, une session de questions-réponses était présentées à l’antenne. Diffusés en direct, les auditeurs pouvaient l’appeler.
Au cours de notre échange, il nous confie “je me suis senti super utile bien plus que dans d’autres fonctions de mon métier. J’ai senti que les gens étaient contents que je leur donne une réponse.”
Un rapprochement voulu
Content oui, mais surtout confiant ce type de programme a grandement rapproché les auditeurs des chroniqueurs. M.Amalric, nous le confirme “c’était souvent des personnes âgées”, qui “désarmée” cherchaient de l’information avec les moyens qu’elles possédaient.
“L’actualité, c’est aussi parfois rendre service aux gens”
Au cours de notre échange, Romain insiste sur une notion : “Le service”. Pour lui, il est “intéressant de retenir ce terme, si l’on reprend les bases et de pourquoi on fait ce métier, l’actualité, c’est aussi parfois rendre service aux gens. Notamment en radio, quand on donne l’heure, la météo, des informations sur le trafic, ce sont des notions de services qui sont importantes.”
Immersion dans l’intimité
Alors, le lien se crée qu’on le veuille ou non. Le contexte particulier a fait naître des comportements tout aussi spécifiques. Monsieur Covid a aussi pu appeler des auditeurs “parfois pour faire du social avec eux parce qu’il y avait des gens qui étaient vraiment désarmés, qui avaient besoin de parler. Je les rappelais plus tard pour qu’on échange, soit parce qu’on faisait un débat, soit parce qu’ils avaient besoin d’avoir plus d’explications plus précises.”
Cette initiative de Romain est aussi partagée par d’autres journalistes radios, comme Bruno sur Fun Radio :
*Bruno* 💬 : « La période est évidemment compliquée , mais la famille sera là en direct dès 6H pour essayer de vous changer les idées ...
— BRUNO SUR FUN RADIO (@BRUNOFUNRADIO) March 15, 2020
On va tous se serrer les coudes et envoyer du courage à tous ceux qui luttent contre cette saloperie »#brunofunradio #CORONAVIRUSENFRANCE pic.twitter.com/1W28mLGMzp
Infobésité et intox
“J’essayais de décrypter le vrai du faux, car il y avait énormément de fake news de mauvaises interprétations qui circulaient” (Monsieur covid). L’évolution rapide du virus, nouveaux variants, nombreux sont les sujets qui ont su causer un réel stress auprès du public. Les médias ont fait face à une surcharge informationnelle, comme le rapporte le quotidien d’information 20 min.
Une atmosphère de plus en plus anxiogène
“C’était une période où j’écoutais la radio toute la journée, car elle était pour moi une réelle source d’information […], bien qu’elle suscitait en moi une certaine peur”. Ce sont les mots d’Aline, retraitée. Comme de nombreux Français, l’anxiété l’a gagné. Une étude publiée par Vivoice, sur le traitement médiatique de la pandémie, nous l’affirme. 60 % des sondés estiment que la place du covid dans les médias est trop importante. 64 % d’entre eux pensent que le traitement de l’information à était anxiogène.
“J’ai commencé à couper la télévision et à plutôt me tourner vers la radio”
Mixer à sa fenêtre, faire du sport avec des packs de lait….couper le téléviseur.
Guillaume, 44 ans, a commencé à écouter la radio pendant la pandémie, à la fois pour du réconfort, mais aussi pour penser à autre chose : “ À force d’écouter la télévision pour écouter les infos, j’ai commencé à voir toujours les mêmes sujets. Le nombre de morts, de personnes hospitalisées, les journalistes qui disent tout et sont contraires par rapport aux protocoles sanitaires. […] J’en avais marre et au bout de 2 semaines, j’ai commencé à couper la télévision et à plutôt me tourner vers la radio […] qui parle souvent de sujets différents que la télévision nationale “.
La crise a interrogé nos habitudes médiatiques. Même si pour Monsieur Amalric “On est passé à autre chose” certaines pratiques restent inchangées. Par exemple “sur le 13h de TF1 ou de France 2, il y a encore un journaliste qui vient et qui donne une petite information […] aux Français qui n’a plus rien à voir avec le covid maintenant ça, c’est né de la période covid”
Vers une mutation de la radio et des journalistes ?
L’information s’est mise au service des auditeurs. La place du journaliste est en pleine mutation. L’émergence des webradios a modifié le rapport à l’actualité, on y trouve des images, des rediffusions, des retranscriptions.
La navigation est facilitée pour l’adepte de la radio, il a le choix. Sur les médias sociaux on retrouve également cette possibilité. C’est HugoDécrypte, le YouTubeur / journaliste qui l’a beaucoup développé. Son audience a décollée durant la pandémie avec son format d’ une vidéo par jour.
Hugo Travers est un personnage public. Sur les médias sociaux, il a une communauté avec laquelle il interagit. Questions réponses, sondages, commentaires créent un lien de proximité et rappellent la notion de service développée par Romain Amalric.
La puissance de l’instantanéité, désormais associée à l’accessibilité des technologies, redonne un souffle inédit à ce média historique.
La radio se transforme, mais son essence reste : informer, divertir et surtout rassembler, où que nous soyons, et peu importe le support.
Kylian Eymet – Anais Igual – Aurelie Langlois – Quentin Lannes – Myrtille Frechet -Inès Laajimi – Clara Hiton – Jasmine Laidouni